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Repenser le MR?

J'avais promis quelques lignes sur les élections et ses conséquences...les voici.

D'abord, merci au nombreux militants et aux électeurs d'avoir soutenu nos candidats. Mais c'est vrai, il va falloir faire mieux la prochaine fois.

Brève analyse des résultats:

1/ Ecolo double ses scores pour se retrouver à son niveau à la fin du siècle dernier. Le MR se tasse, tant à Bruxelles qu'en Wallonie, le CdH se maintient, le PS perd très nettement des voix.

2/ Plus finement, concernant le MR à Bruxelles: il y reprend la pole position mais ne parvient sans doute pas suffisament à renouveler ou à étendre son électorat. Le succès à saluer de la composante FDF est aussi dû au plus grand nombre de candidats FDF (50/50 contre 40/60 lors des dernières régionales), candidats en outre bien placés.

3/ Je ne résiste pas à la tentation de vous faire part de la dernière rumeur circulant dans les cénacles politiques: le PS et le CdH avaient signé la reconduction des majorités bien avant le 7 juin...

Plus fondamentalement, il y a deux façons de tirer les leçons des scores en demi-teintes du Mouvement Réformateur.

1/ Serait-ce la faute de la tête hiérarchique, que les médias s’évertuent à qualifier d’arrogant, manichéen? Soit, nul n'est parfait. Et c'est réducteur. Plus encore, le président Reynders a fait montre d'incontestables qualités d'homme d'état au travers de la crise. L’erreur sans doute commise est d’avoir « blessé la bête » (le PS) en dénonçant son affairisme et son clientélisme odieux sans l’avoir (la bête, toujours) achevée avec une alternative à proposer à l’électeur. Nous avons tous enfoncés le clou sur les affaires. Ce fut une erreur. En effet, les « affaires » sont gravissimes, mais ne suffisent pas à justifier un changement de système si l’alternative proposée par le MR n’est pas claire. Or, dans une société en proie à une grave crise, il faut proposer des alternatives, et rassurer sur les acquis sociaux existants. Sans cela, nos adversaires auront beau jeu de soulever la question de la pérennité du système social en l’état actuel, alors que le but n’est évidement pas de supprimer ou de modifier la surface du filet de sécurité - plus encore lorsque les choses vont mal. D'une façon ou d'une autre, le concept de "libéralisme social", prôné par la frange plus centriste du MR et développant ces idées, devra refaire son apparition dans notre communication et notre programme. Bref, en choisissant une personne à sacrifier, on risque à tort l'économie d'un débat de fond qui me parait essentiel.

2/ L’autre analyse dès lors est de militer pour qu'un travail plus au fond soit mené. C’est de celui-ci dont il est question dans les prochaines lignes. Et ce travail est beaucoup plus important que la recherche d'un coupable expiatoire:

1)   Il faut retrouver le goût de la compétence. Il me semble qu'une cellule de gestion des ressources humaines des membres du parti devrait être mise en œuvre afin de nous professionaliser et de nous rendre plus efficaces

2)   Il faut retrouver le goût du service et du travail de terrain. Quelques bonnes leçons sont à tirer de l’exemple socialiste, qui envahit le terrain de façon convaincante. Notre mouvement réformateur pêche par défaut de présence. Si nous sommes sur les marchés, c’est en période électorale. Lorsque mon épicier night-shop m’interpelle sur des problèmes liés à ses papiers, je ne peux que lui répondre mon incompétence communale en la matière. Je devrais pouvoir lui répondre : le lundi, de 08h à 09h, untel tient une permanence qui vous aidera. Il ne solutionnera pas le problème, mais le simple fait d’organiser la démarche, de prendre une téléphone, de suggérer une adresse peut faire avancer le dossier. On m’a souvent répondu que ça n’était pas dans les gênes du parti. Allons donc ! résumer les besoins, définir un plan d’attaque, saisir un téléphone, frayer son chemin au travers de l’administration… faut-il des gênes spécifiques pour cela ? amorcer la pompe et démontrer qu’en voulant, on peut ! A titre de point de départ, les petits commerçants doivent être un objectif. Le commerçant participe à l’âme du quartier. Nombreux sont les clients qui s’y arrêtent pour entamer une petite bavette. C’est un excellent messager. Même s’il « doit être bien avec tout le monde », il est troublant en période de campagne d’observer que les vitrines se couvrent d’affiches électorales de tous les bords…

3)   Il faut retrouver le goût des idées, des débats et du positionnement clair. Bien sûr, au MR plus qu'ailleurs, chacun doit pouvoir défendre ses idées. Mais il est des débats sur lesquels on doit être plus clair: la bio-éthique, le port du voile (ou de la burqha), la problématique des pensions, l'extension de l'Europe, l'enseignement, l'immigration, la politique économique....... Il nous faut des constats clairs et des positions claires.
Ailleurs, c'est pire, on est d'accord. De nombreux candidats ne connaissaient pas suffisament les programmes électoraux. C'était presque normal: ces programmes, qui tiennent de l’exercice de style obligatoire, sont souvent un catalogue interminable de souhaits jamais chiffrés en terme de recettes-dépenses. Avoir 100 priorités, c’est n’en avoir aucune.
Par exemple, le matin du 17 juin, le CdH (Madame Milquet) et Ecolo (Monsieur Javeaux) ont tout d'un coup déclaré sur les ondes de BEL RTL qu’il fallait prendre en compte le déficit budgétaire catastrophique (un milliard) qui s’annonce et qu’en fonction de « l’épure budgétaire, on fera les choix prioritaires » (mais sans toucher au pouvoir « d’achat des gens », bien entendu). Bref, une fois les élections passées, on semble redécouvrir que les choix politiques ont un coût financier… Madame, Monsieur, il faut avoir le courage de dire de tel ou tel sujet que ce n’est pas une priorité pour le moment... Si j'étais électeur, j'aurais le mauvais sentiment de me faire berner à l'écoute de ce genre de découverte inopinée.

     

Pour en revenir à mon parti, je suggère donc quatre propositions :

a.   Cibler le nombre de priorités – par l’entremise d’un vote des membres du parti par exemple

c.    Entretenir le débat d’idée au niveau des organisations locales, régionales et nationales du mouvement par la tenue régulière de conférences et de débats

b.   Réaliser des sessions d’informations et de formations de nos candidats sur le programme (dans n’importe quelle entreprise structurée, il existe des formations pour les employés, afin que ceux-ci mettent leurs compétences à jour)

d.   Donner l'exemple en procédant de façon permanente au chiffrage des idées et projets proposés

 

Ce sont quelques premières idées pertinentes et ... impertinentes. On va vers de l'opposition au niveau régional, donc on va vers une refonte de nos idées et de nos méthodes. En voilà une, de bonne nouvelle! Pour le reste, l'absence du MR et de sa gestion rigoureuse dans les régions me glacent...

Au travail!

Comme d'habitude, j'attends vos commentaires avec impatience! ydebeauffort@hotmail.com


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