Di Rupo donne sa démission ce 21 novembre: grave, et dangereux
Le Formateur Di Rupo a décidé de dramatiser la situation. Dangereux et tout doucement très désagréable.
Charles Michel a envoyé un courriel à tous les mandataires MR dans lequel il insiste sur le fait que:
1) l'initiative de Di Rupo n'était absolument pas concertée avec les personnes autour de la table des négociations
2) le MR est résolument convaincu que des pistes de négociations existent.
Car il ne faut pas prendre les négociateurs libéraux pour les dindons de la farce. Quand Di Rupo a proposé sa première épure du budget gouvernemental, les efforts étaient répartis comme suit: 33% en coupant les dépenses, 33% avec de nouvelles recettes et 33% avec d'autres recettes. Dans mes mathématiques, cela fait 33-66.
Certes, dans ses épures successives, la balance aurait été progressivement ramené à 41-59. Mais aucun tabou socialiste n'a été brisé: ni ceux concernant le chômage (pas de limitation dans le temps), ni ceux concernant les soins de santé (on considère une indexation des soins de santé de 2 à 5% par an!), ni ceux concernant l'âge de la pension (inchangé à 65 ans), ni ceux concernant une vraie réduction de la taille de l'état (aucun effort sérieux sur la réduction des fonctionnaires en faveur d'une politique promouvant l'entrepreneuriat en Belgique - sait-on que 5% des étudiants belges ambitionnent de créer leur société à la sortie de leurs études quand au Royaume-Uni et en France les statistiques sont de l'ordre de 50%).
Ah oui mais non. Car le problème de ce budget en est la taille, et non comment nouer les deux bouts. Quand on sait que l'objectif est de parvenir à un déficit de 2,8% (énorme: l'Europe dit 3% maximum!) en 2012 avec un effort de 11 milliards (énorme), on peut se poser des questions. Ces questions deviennent brûlantes si l'on sait que l'équilibre budgétaire est postposé à 2015, soit dit en passant à une législature après Di Rupo donc puisque les prochaines élections fédérales auraient lieu en 2014.
Les socialistes revendiquent une équité sociale? les efforts ne sont pas répartis de façon juste.
Pourquoi le Formateur agit-il donc de cette façon:
1) Le PS a sans doute peu à perdre tactiquement à aller aux élections. A long terme dans le schéma du PS, par contre, il faudra bien que les flamands consentent à payer le système de sécurité sociale démentiel que le PS souhaite . On ne crée pas une prospérité sociale sur une économie à genou.
2) le MR, c'est vrai, n'a aucun intérêt à aller aux élections. Car il défend depuis son entrée à la table des négociations un schéma fédéral belge. Probablement le schéma le plus intelligent compte tenu des incertitudes pesant sur notre économie. Certains partis (le FDF, la NVA...) souhaitent le grand soir des négociations institutionnelles, celui de la séparation de la Belgique? C'est de la folie furieuse. Les marchés s'écroulent, les emplois se perdent par milliers, les investisseurs sont inquiets... rajouter de l'incertitude, c'est hypothéquer pour de longues années notre modèle social dans toutes ses dimensions.
3) Le Formateur place donc la balle dans le camp de l'Open-vld. Un parti qu'on peut ne pas aimer mais qui a indiqué deux choses: D'une part, la situation économique est grave et la taille de l'état belge est insupportable sur le court et sur le long termes (Au passage, +100 000 fonctionnaires depuis 1995...). D'autre part, l'Open-vld a déjà montré qu'il pouvait retirer la prise des négociations. Attention, l'Open-vld pourrait être très fortement tenté de réitérer la chose. Il est très mal à l'aise sur le dossier institutionnel (la NVA veille...) et le dossier budgétaire ne lui convient pas en l'état.
Le Roi souhaite que chaque parti à la table des négociations réfléchisse posément aux conséquences d'un échec. Le PS n'est pas équitable dans son traitement de la situation actuelle. Le Formateur oublie donc son rôle d'arbitre.
Contrairement à ce que les caciques du PS insinuent vis-à-vis des autres partis, c'est véritablement le PS qui joue avec le feu.