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Il faut restructurer les déficits européens de toute urgence...

Que Madame Merkel et Monsieur Sarkozy aient décidé lors d’une promenade sur une plage de Deauville que l’Europe ne forcerait pas de restructuration des dettes des pays souverains de l’Eurozone avant 2013 est désormais de l’histoire ancienne qui nous rappelle a quel point nos responsables politiques sont déconnectés de la réalité.

Nous en sommes maintenant à une tension insoutenable.

Les obligations à deux ans du Portugal et de l’Irlande se traitent maintenant au-delà de 10% et celles de la Grèce au-delà de 20% et montent d’au moins 1% par jour cette semaine. Cela crée un fait nouveau et si l’Europe n’agit pas ce week end, nous nous retrouverons avec des taux encre plus élevés mardi. Ses dirigeants ont cinq jours pour annoncer que le processus de restructuration de la dette grecque a été demandé par la Grèce. L’alternative est le défaut de paiement.

Cela fait des mois que dans ce blog - et en provenance d’autorités infiniment plus autorisées- la restructuration est  inéluctable et qu’attendre ne peut que rendre la situation ingérable. A ces niveaux de taux, les réductions et étalements de la dette sont environ deux fois plus importants qu’il y a six mois. L’hésitation des dirigeants europeens a déjà coute 100 milliards d’euros pour les trois pays: le doublement des taux grecs, portugais et irlandais est purement et simplement le début du phénomène de « boule de neige » ne permet plus l’hésitation.

A cela s’ajoute un rapport du FMI la semaine dernière qui confirme ce que ce blog signale depuis longtemps, a savoir le fait que les banques européennes sont maintenant en situation de vulnérabilité. Comme il est peu probable que les « stress tests » seront assez robustes pour le démontrer, cette faiblesse va continuer et affecter les banques bien capitalisées dont les taux d’emprunt interbancaire augmentent également.

Nous allons donc droit sur l’iceberg sans capitaine sur le Titanic. Un  observateur écouté, Wolgang Munschau , le patron d’Eurointelligence, écrivait dans le Financial Times qu’il était convaincu que l’Espagne devrait également faire appel au fonds européen de stabilité et que cela entraînerait l’Italie dans la tourmente. Or l’Italie représente 18% des garanties du Fonds Européen de stabilité. Aura-t-elle les moyens de prendre sa part dans les sauvetages irlandais,  grecs et portugais ? Il me semble important de ne pas exclure des difficultés italiennes dues notamment à la situation des banques. Cela entrainerait la totalité des pays européens dans une spirale ingérable. Déjà la Belgique, où certains politiciens démontrent aussi leur déconnexion de la réalité, paie des marges-record depuis quelques jours.

The Economist suggère ce matin d’utiliser le système de consolidation de la dette qui a été appliqué avec succès à l’Amérique Latine. Les Chinois se déclarent près  a acheter plus d’obligations des États de l’Eurozone.

Il n’est pas certain que l’annonce aujourd’hui d’une réunion des Ministres des Finances européens pour proposer une « solution totalement différente » au problème de la crise de l’endettement de certains pays de l’Eurozone puisse calmer le jeu. Mi-mai semble terriblement loin aujourd’hui.

J’aurais aimé avoir un message pascal sur le thème de la résurrection de l’Europe plutôt que sa descente aux enfers…Le moment d’agir est venu. Les tergiversations ont déjà couté assez cher. Attendre augmentera ce coût. Comme l’écrivait l’éditorialiste du Financial Times hier, « pour extraordinaires qu’aient été les efforts européens de traiter la dette des pays de l’Eurozone, leur seul effet a été de postposer la solution ».

Emprunté à http://finance.blog.lemonde.fr/2011/04/21/l%e2%80%99etau-se-resserre-sur-l%e2%80%99europe-il-faut-restructurer-d%e2%80%99urgence/

Georges Ugeux
Georges Ugeux

 


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