Facebook Twitter

Ma lecture de la carte blanche socialiste...

  • Avant toute chose, ce post n'a rien contre le journal Le Soir, qui est un journal qui a certes sa sensibilité centre-gauche-laïque, mais qui rend compte honnêtement de mon travail d'élu et de mes initiatives. C'est tout à son honneur. Ce devait être dit et souligné.
  • Une carte blanche signée par 94 représentants du peuple, ce n'est plus une carte blanche, c'est un communiqué de parti. Je développe. Une carte blanche, c'est une tribune d'opinion individuelle, n'engageant que les signataires. Si l'ensemble des 94 élus du PS signent, il s'agit bien d'un communiqué du parti.
  • Quand Di Rupo prétend qu'il s'agit d'une initiative qui n'engage que ces 94 représentants, ou bien il prend l'opinion pour dupe, ou il était sur la planète Mars. Lorsque les 94 représentants ont fait circulé cette carte pour recueillir les différentes signatures, elle a forcément dû passer par le bureau du formateur. Qui a dû dire "OK", ou "OK, mais je dirais ceci d'une autre façon"... de toute façon, cette carte est passée par son aval. Il en est donc co-signataire.
  • Les signataires se disent "au côté des victimes d'Arcelor"? Bienvenue à Disneyland: aucune introspection, aucune excuse formulée à l'encontre de ces travailleurs à qui l'on a promis la lune (ou la planète Mars...) tout en sachant très bien que l'acier wallon est condamné depuis 30 ans. C'est un fait. On a engoufré des millions d'euros publics, on a offert des tonnes de dérogations en matière de CO2, pour faire plaisir à Mittal, qui évidement en a profité. Pourquoi n'a-t-on pas utilisé tout cet argent pour former, transformer, réformer plutôt que d'envoyer des paillettes? Scandaleux. Cette amnésie collective sélective est confondante.
  • Les signataires attaquent la droite en disant "ne jamais baisser les bras devant les vieilles recettes tatchériennes". Incroyable. Au delà du bilan politique de Tatcher, qui est sans aucun doute contestable sous de nombreux aspects, cette référence historique anachronique peut être renvoyée aux signataires en leur disant: à la même époque, Mitterand (PS) a tout nationalisé en France. Est-ce le communisme que les signataires prônent? Non merci. Ensuite, un petit rappel sur le Tatchérisme: la dame de fer, comme on a surnommé Tatcher, a sorti le Royaume-Uni du Moyen-Age. Elle a eu le courage de dire: "Désolée, mais les mines en Grande-Bretagne, ca n'est plus rentable", "navrée, mais les syndicats sont capables dans ce pays d'arrêter l'économie, et c'est insupportable", "il est temps de donner à chacun le droit d'être propriétaire de son logement", "l'économie que je souhaite pour mon pays n'est pas une économie sous la tutelle de l'état" etc. Enfin, il me semble que mon parti, le MR, n'a jamais appuyé le capitalisme forcené. Cette façon de forcer le trait est populiste, poujadiste. En résumé: Pour ma part, je suis contre les vieilles recettes Trotskystes et Staliniennes.
  • Les signataires revendiquent "un impot special pour les plus fortunés". Qu'est-ce qu'un impôt spécial si ce n'est la négation de l'égalité des belges devant l'impôt. Outre le fait, prouvé, que l'impôt sur la fortune rapporte moins que le coût de la machine qu'il faut mettre en place pour le percevoir. Outre le fait, prouvé, que cet impôt fait fuir la fortune que l'on souhaite taxer. Démagogique. Et suicidaire. Le capitalisme, que chacun décrie, est un système dont la définition peut être celle-ci: une économie basée sur l'échange de biens au départ d'un investissement en capital et donc d'une prise de risque individuelle. L'économie régulée, celle de la plannification, du contrôle des prix et de l'emprise de l'état sur l'individu a largement démontré son horreur. Non, merci.
  • Les signataires souhaitent la "taxation des spéculateurs". Vaste programme. Très réducteur quant au rôle de la Bourse. Rappelons incidement que la Bourse découle étymologiquement de la famille Van Der Burse, active à Bruges au 16e siècle. La bourse, il s'agit d'un lieu d'échange qui permet de donner un prix à différents biens, dont les actions. C'est essentiel dans une économie fondée sur l'échange. Quant à la spéculation, c'est le symptome d'une maladie. Tous les médecins vous le diront: supprimer le symptome, ce n'est pas supprimer la maladie. La maladie, c'est, pour la crise actuelle, le fait que les Grecs ont raconté des fariboles lors de leur arrivée dans l'Euro. Point barre. Pour la crise précédente (celle de 2008), celle d'avoir cru que les prix de l'immobilier américain allait continuer à croître sans limite. Quant à la crise pétrolière des années 70, elle signifiait simplement que le pétrole est une denrée épuisable. Raconter autre chose, c'est mentir.
  • Les signataires souhaitent enfin l'"allègement de la fiscalité sur le travail". Là, je suis parfaitement d'accord. Et d'ailleurs, il y a plein de choses que j'aimais bien dans cette carte blanche et en particulier celle-ci: "éviter que notre dette tue les services publics et la sécurité sociale; et sacrifie la génération suivante..."

Cette carte blanche aura au moins eu le mérite de me donner l'occasion de replacer les choses dans leur contexte.

Et maintenant, au travail. Un gouvernement. Et vite. Car ceux qui pensent que les choses fonctionnent bien sans gouvernement se trompent: l'économie belge est caractérisée par ceci: un tiers des travailleurs sont rémunérés par l'Etat. Il faut donc un patron qui prend des décisions. Ou alors ces travailleurs prendront des décisions sans patron, sans vision, sans cohérence. 

Pour donner un exemple: le Groupe SNCB. Dans le ferroviaire, on investit sur 30 ans (des ponts, des gares, des locomotives...ce sont des lourds investissements). Cet horizon de temps est irréconciable avec l'agenda d'un gouvernement qui fonctionne à vue, c'est à dire à un horizon de quelques mois.


© 2024 - Yvan de Beauffort