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Révolution en Egypte, en Tunisie, au Maghreb: un vent de liberté?

D'abord il faut se réjouir du courage de la foule. Impressionnant. Quelle pugnacité. Quelle volonté. Quel désintéressement si ce n'est celui de vivre mieux, de vivre libre!

Je reviendrai dans les prochains jours sur les chances et les risques associés à de si profonds changements. Tout n'est pas rose, et c'est vrai qu'en Europe, on a peur, on redoute la prise de pouvoir par les fondamentalistes musulmans.

Mais il faut savoir saisir cette magnifique chance, et prendre des risques, comme dans toute entreprise humaine.

Il y a beaucoup de bon dans les soulèvements en Tunisie et en Egypte. Beaucoup.

Début janvier, j'ai demandé à un taxi de me ramener à la maison. Le taximan était Tunisien. Il était lassé du régime "5%" de Ben Ali (le montant que la caste Ben Ali s'octroyait sur toute transaction économique). Mon taximan aspirait à mieux pour son pays, à l'aulne de ce qu'il observait en Belgique. Au-delà de l'anecdote, c'est une frustration palpable et compréhensible qui est mise en exergue avec cet exemple. Un pays éduqué, commerçant, touristique, doté d'atouts formidables. Freiné dans son élan par une oligarchie paralysante. Il était temps que cela change.

Pour redevenir un instant insupportablement rationnel, il faut invoquer l'histoire, et se rappeler que trois facteurs réussissent ou ratent une révolution démocratique: D'une part; l'émergence d'hommes et de femmes d'état, de ceux qui dépassent les courants politiques et religieux, de ceux qui subliment et contiennent les foules. D'autre part, l'intérêt calculé et géo-politique des pays voisins. Enfin, l'existence d'une couche sociale éduquée, informée. Par ailleurs, deux facteurs peuvent faire échouer la volonté démocratique d'une révolution: a) Une caste nouricière trop implantée et b) Un courant religieux ou nationaliste trop implémenté ou trop équipé.

Il faut donc se méfier radicalement de la mouvance "frères musulmans", comme il aurait fallu d'emblée balayer Khomeini et ses acolytes lors du renversement du Shah d'Iran en 1979. Voilà une révolution qui avait bien commencé (comme celles aujourd'hui de Tunisie et d'Egypte) mais qui n'a rien ammené: le pouvoir religieux s'étant octroyé le gouvernement des âmes dans les jours ayant suivi la fuite du Shah.

En bref, je me réjouis. Mais, comme tout européen, je suis inquiet. Je souhaite tellement plus et tellement mieux pour tous ces pays qui sont aux frontières de l'Union Européenne. Le 7 avril, la section MR-PRL de Schaerbeek organise une conférence inédite sur le thème: Ré-évolution au Maghreb: un vent de liberté? Deux éminents professeurs se livreront à un débat sans faux-fuyant, orchestré par Mr Koksal, journaliste direct et impartial. Venez nombreux!


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